

Les dérives du tourisme de masse au mont Everest
S’élevant parmi les sommets brumeux de l’Himalaya, le Mont Everest fascine les Hommes. Plus haut sommet de la planète, il s’élève à plus de 8848 mètres. Lieu sacré pour les Tibétains et les Népalais, il est aussi appelé « Chomolungma », qui signifie « Mère de l’Univers » en Tibétain. À l’aube du XXIe siècle, ce lieu auparavant inaccessible est désormais un véritable lieu de pèlerinage pour les alpinistes et amateurs de sensations fortes. Mais cet engouement touristique n’est pas sans poser quelques problèmes…
Cette image a fait le tour du monde. Immortalisée par l’expérimenté alpiniste népalais Nirmal Purja, en mai 2019, On y voit une centaine d’alpinistes qui font la queue le long de la crête, attendant de terminer leur ascension vers le plus haut sommet du monde, l’Everest, à 8 848 mètres. Cette année-là, la saison d’ascension s’était ainsi terminée avec un bilan de onze morts, un record depuis 2015 où des avalanches avaient tué dix-huit alpinistes. Cette situation a soulevé un certain nombre de questions sur le trekking sur le mont Everest et a mis le tourisme de masse au premier plan du débat.
Trop de permis accordés ?
En 2019, le Népal avait alors délivré 381 permis d’ascension (contre 346 en 2018) et la Chine 140 ; des chiffres qu’il faut doubler étant donné que chaque grimpeur est accompagné d’au minimum un sherpa. Pour obtenir un permis d’escalade, les alpinistes n’ont besoin que d’un passeport et d’un certificat de bonne santé. Et avec une présence croissante d’opérateurs à bas prix, le toit du monde est maintenant plus accessible que jamais.
Pour les grimpeurs expérimentés, ces nombreux alpinistes et les files d’attente qui en résultent ne sont qu’un inconvénient et un obstacle supplémentaire à l’ascension du mont. En revanche, pour les touristes inexpérimentés, les conséquences peuvent être dramatiques. Ainsi, les événements tragiques de mai 2019 ont ravivé les critiques envers le gouvernement népalais, accusé d’avoir accordé trop de permis pour gravir l’Everest et d’avoir mal géré les expéditions.
Les impacts environnementaux
Mais le tourisme de masse sur le mont Everest ne menace pas seulement la vie des alpinistes et des sherpas. Comme de nombreuses destinations confrontées au même phénomène, l’impact environnemental s’y fait de plus en plus ressentir. Au cours des 20 dernières années, le nombre de visiteurs du parc national de Sagarmatha, où se trouve l’Everest, a pratiquement triplé. Avec ce nombre croissant de touristes, une quantité croissante de déchets sont laissés sur les montagnes : détritus divers, bouteilles d’oxygène, matériel d’expédition, boîtes de conserve, tentes, excréments, et même des corps de grimpeurs qui sont morts en cours d’ascension. De plus, certains points d’approvisionnement en eau sont souvent pollués, menaçant ainsi la santé des communautés locales. La situation est inquiétante, à tel point que certains ont même renommé l’Everest, «la plus haute décharge du monde».


La réponse du gouvernement
Depuis 2014 cependant, le gouvernement népalais oblige désormais les grimpeurs à verser une caution d’environ 3 600 euros par expédition, restituée s’ils ramènent huit kilos d’ordure. Soit le poids moyen de détritus par ascension. Les touristes sont également enjoints à adopter une attitude responsable, dans le respect de l’environnement. L’année 2020, catastrophique pour le tourisme avec une perte de 90% des revenus prévus, aura donc eu au moins le mérite de laisser respirer un peu les montagnes népalaises. Depuis octobre, le Népal a toutefois rouvert l’accès à ses massifs montagneux, notamment à l’Everest, pour les expéditions automnales dans l’espoir de relancer le secteur touristique.
Avis aux futurs voyageurs : comment pouvons-nous être de meilleurs touristes à l’ère du tourisme de masse ?
Oui, le mont Everest est une incroyable merveille naturelle du monde et non, il ne faut pas mettre un terme au tourisme là-bas. Cependant, nous devons être conscients de notre impact et prendre des décisions plus responsables lorsqu’il s’agit de visiter des environnements aussi fragiles et potentiellement dangereux. Tout est une question de compromis et il existe de nombreuses options qui permettent de vivre l’alpinisme dans l’Himalaya sans tous les risques et impacts négatifs. Voici quelques moyens simples de le faire :
- Sélectionnez un itinéraire de randonnée et une montagne qui correspondent à vos capacités et à votre expérience d’alpinisme par le passé. De nombreuses montagnes dans la région offrent les mêmes paysages que l’Everest mais avec des randonnées plus faciles et moins risquées.
- Ne laisse aucune trace. Apportez tout l’équipement et les déchets avec vous pour garder l’environnement propre et sain afin que chacun puisse profiter de la beauté du lieu.
- Explorez les villes voisines et achetez localement pour soutenir les petites entreprises et les commerçants.
Le mont Everest est devenu une destination de plus en plus prisée. Cependant, le moment est venu de reconnaître les dérives du tourisme de masse et son impact sur l’environnement et les communautés locales. Grâce à des voyages plus responsables, nous pouvons découvrir les merveilles du monde sans laisser de traces sur nos chemins, et préserver ainsi ce que Mère Nature a de plus beau à nous offrir.